Mont Blanc

Chamonix dimanche 5mai.... Après un depart sous un gros ciel gris à 8h du mat,pluie sur le trajet .....apres avoir fait un peu de tourisme dans les rues desertes , depart chargé (j'ai 23kg de matos sur moi en comptant les ski,shoes,baudar,matos glacier,sac), direction les bennes il est 12h au départ....

là,enorme surprise de cotoyer les japonais avec leur petit sac mephisto et fringues à la mode qui prennent le telepherique jusqu'a 3800m alors qu'il est clairement indiqué -7°, surtout qu'on est les seuls skieurs on fait un peu tache,en meme temps ça rassure pas d'etre les seuls:).... on s'arrete à la premiere gare vers 2300m....on sort,on est les seuls à sortir ici...et là.....neige et brouillard.....je vois mes deux coequipiers tirer la tronche....apres tergiversations,debut de picnic, un leger voile se leve laissant apparaitre au loin LA TRACE, celle qui fait qu'on decide d'y aller....franche trace faite le matin par un guide et ses clients norvegiens....seulement là c'est dans le gresil et la brume qu'on va se taper les 800m+ et une distance sacrément longue , au programme traversé encordé du glacier des bossons, les seracs sortent de la brume comme des navires fantomes, clair que sans traces nous n'avions aucune chance de trouver le refuge...où quoique ce soit d'autre .....

sur le glacier des bossons
arrivé vers 17h30 au refuge bien bien rincés....il faudra encore monter par un cable style via ferrata qui semble improvisé et un peu casse gueule. le temps d'enlever le matos 18h pile poil l'heure de la bouffe,meme pas le temps de changer de fringues...gros gavage qui nous vaudra une reputation d'entrée de grosse bouffe...dans la salle, que des etrangers, dont une cordée de tcheques de prague, sauf deux gars d'ales(dont un everest summiter si j'ai bien suivi)...le guide des norvegiens nous parle direct genre j'en peu plus des norvegiens ouf des francais...Et là nous annonçe que le grand beau c'est demain....et aussi que personne est monté depuis trois semaines, donc trop heureux de partager la trace avec nous, le ton est donné reveil à 1h30, ça va envoyer dans la poudreuse pour avancer...coucher vanné 8h30, apres un direct avec le monde civilisé pour connaitre le non-resultat des elections. 1h30,les lumieres des frontales me reveillent, tete dans le cul on s'equipe, on file au ptit dej ou on se gave pas mal encore malgré l'heure:) on est pas des rapides, surtout pour redescende cette sacré via gelé la tete dans le cul, arrivé en bas mes gants sont trempés ,j'ai l'onglet ,là je sors ma botte secrete,les gants du perou de MM(sponsors officiel de cette expé:),ils me sauveront la mise car ils m'ont réchauffé direct,sans ça je partais mal....et puis la bonne idée d'avoir laissé les ski dehors au pied de la via,ça donne degeler les spatules pour mettre les peaux,Fred à oublié ses batons la haut, a/r gratos par la via. enfin on part bon derniers....mais le guide en chi à faire la trace on le rattrape vite. il suis la voie par l'arrete du gouter....ambiance magique dans la nuit claire avec les lumieres de chamonix en bas et la lune qui sublime l'aiguille du midi telle une forteresse imprenable! bientot les lumieres s'agitent coté cordée de norvégiens....petite précision niveau matos, arnaud à la veille oublié à la telecabine son piolet, donc il part avec celui du gardien, quand à moi ma frontale me trahis deja. donc les lumieres s'agitent dans tous les sens la haut, on continue à les rattraper et là....ça descend !!!! on arrive à chopper un norvegien "wonderful snow" "yes but why do you go back?" "wonderful snow!"....ok bon c'est quoi ce binz....là, la cordée d'ales s'arrete et nous explique, grosse accu ,craignos, le guide retourne au refuge....quoi ?!? 2em coup dur, là on se dit c'est mort! l' everest summiter nous dit ça fait deux fois que je viens et que je pend un but,on pourrais tenter tous par la voie classique des mulets(voie bien plus dangereuse car big seracs), là dessus les tcheques arrivent et nous disent avoir un gps et savoir par où attaquer, bien sur le tout en anglais, c'est dailleur étonnant qu'à chaque fois que je lache deux mots en anglais personne me comprend :) il est 4h du mat,il fait noir,personne ne connait le trajet,donc on se dit mort pour mort on avance la trace jusqu'où on pourra...donc voici l'equipe finale qui s'attaque au mt blanc avec depart déporté ,et qui va devoir tout tracer, deux jeunes tcheques , un summiter qui s'est dailleur trainé tt le long(son pote est retourné au refuge avec les norvégiens) et la cordée de grenoblois (c'est nous)...c'est parti...nuit magique,froid léger, levé du petit jour sur le massif et arrivée d'un soleil brulant....il aura fallut du temps,on se traine, qui plus est ,encordé à trois, pour nous s'est la galere à chaque conversion,il nous faut reperer le terrain,éviter les crevasses,de nuit!...mais je suis programmé pour reussir, j'ai la caisse, pourtant je vois pas comment on ferais le sommet vu le timing, en meme temps il se rapproche ce sommet...apres qques passages de crevasses on debouche sous les seracs où il y'a deja eu beaucoup de coulées, on decide de traverser rapide,surtout ne pas moisir ici, et là...c'est le drame!ça glisse sur les blocs durs,arnaud gueule, les peaux de fred commencent à lacher, on patine, on s'en sort lamentablement,on y'a passé trop de temps....seulement les peaux de fred ne tiennent plus, rafistolage tous les50m...va t'on pouvoir progresser? les tcheques comment à se fatiguer, il nous reste le grd plateau nous sommes vers 4000m ,on voit vallot.

passage pour accéder au grand plateau

sur le grand plateau

sur le col
le summiter commence enfin à faire une trace, droit dans la pente,je me decorde et là je lache les watts(enfin!), je trace jusqu'au col puis sous vallot , cette montée tres lente aura eu pour benefice de ne pas trop nous affecter par l'altitude, j'arrive sous vallot vers 4300m il est quasi 12h,pleine forme! mais le timing est mauvais,sommet trop loin encore,le vent se leve là haut,comment sera la neige pour tracer la crete?....Et surprise mon piolet à disparu! tombé du sac? j'en sais rien, ah bah c'est malin ça ! j'annonce au summiter qui arrive que le timing est pas bon pour le sommet on à deja mis trop de temps, je descendrais avec arnaud profiter de la poudre, je lui dit que fred va surement vouloir tenter le sommet (il est en effet programmé sur le sommet).ils partent à deux, avec arnaud on profite du paysage un peu avant d'entamer la descente qu'on sait d'anthologie,on croise les tcheques qui se trainent mais qui poursuivrons,...la séparation de la communauté de la trace ainsi faite, nous entamons une descente dans une poudre integrale et totalement vierge de traces, un pur bonheur qu'il aura fallut maitriser,arnaud connais bien les dangers et s'arrete où il faut..notamment une crevasse lenticulaire evité soigneusement. arrivé pret d'un pont de neige on remarque une multitude de traces, les norvegiens ont du remonter un peu pour profiter de la poudre dans matinée et OH miracle ils ont retrouvé mon piolet laissé bien en évidence ouf ...même si j'en ai plus besoin:) 13h30 on est attablé au refuge à discupter avec le gardien pendant qu'un groupe du caf monte au refuge depuis chamonix...on retrouve aussi le coequipier du sumiter d'ales qui nous dit que lui et son pote doivent prendre la derniere benne au plan de l'aiguille,ça sent le plan foireux....pour ma part pleine forme, je profite du soleil,je fait secher le matos,j'envisage une petite remontée /descente...15h30/16h on voit le summiter descendre comme une balle vers la gare telecabine, son pote deja parti il essaie de combler le retard pour pas louper la derniere benne ça va etre chaud...enfin fred debouche de la via qui amene au refuge "alors ?" "tu l'a fait?" lui repond "il m'en est arrivé une bien bonne...je suis tombé dans une crevasse et le gars d'ales m'a sorti !",en effet enorme flip ,la fameuse "lentille" à cedé à son passage revelant une grosse crevasse,il s'est retrouvé sur un pont de neige avec un vide sans fond sous lui,sans savoir sur quoi il tenait...ouf ce moment passé on reviens au sommet, il à donc depassé l'arrete des bosses puis vers 4600m la poudre jusqu'à la taille sans connaitre la cohésion du fond il stop ...en redescendant il croise les tcheques qui s'arreterons aussi. une bonne bierre et des discussions de fond feront le reste de la soirée, carton rouge au groupe du caf qui prend toute la place au soleil,et viennent seulement dormir et picnic hors sec au refuge(soit 1e de gains /personne car nuitée gratos pour les cafistes, le gardien tire un peu la tronche) mais l'histoire ne s'arrete pas là car deux allemands sont arrivés de munich,comme nous ont monté les 800m+ depuis le plan de l'aiguille jusqu'au refuge,et s'appretent à tenter le mt blanc avant le lendemain matin où la meteo sera mauvaise... 1 guide,1 client,des tetes de reynold messner, ça sent les killers...ils partent à 10h du soir...apres 2 h de sommeil...il "rouleront" toute la nuit en plein vent glacial,mais s'arreteront à vallot ,trop froid,trop de vent,le tout en 6h a/r...il rentrent à 4h,dorment 3h,et redescendent à munich....des ovni! le lendemain je me reveil à 6h apres une nuit de 10h...ça faisait 3ans que j'avais pas dormis autant(véridique!),pleine forme,mont blanc encore degagé..7h petit dej, nuage lenticulaire en haut, le mauvais va arriver....tt le monde est partis du refuge,on dit au gardien qu'on se refait une montée pour profiter de la poudre,il se joint à nous pour profiter de la poudre....et nous voilà partis direction l'arrete du gouter là où la nuit passé le guide à fait demi tour, nous monteront plus haut,stopperont sous la rimaye,visiblement tres chargée il nous confirme que déja on est en zone rouge,gaffe à la descente....mais la descente sera dementielle,gavé de poudre! jentend encore le "wahou" de fred resonner dans la montagne...il est temps de rentrer,retour long et penible où mes peaux trop humides lacheront, finis skis sur le dos, lessivé,arrivée à la gare au milieu des japs en lacoste et d'un russe sur la neige en shoes croco....nous ne retrouveront pas le piolet d'arnaud,le plafond s'abaisse, la neige tombe, le tonnerre gronde,on prend la benne direction la civilisation. au final, parfaite meteo,parfait creneau, neige absoluement dementielle,l'aventure n'a qu'un gout de reviens y, pour claquer le sommet,mais ne revons pas sur de telles conditions de neige,on l'aura pas deux fois. bien belle aventure qui m'a sorti du quotidien change de couches/recherche de taf, pour un court moment.